Derrière l'impression de nous
est notre visage réel.
Si nous parlons d'une histoire globale au niveau de l'évolution à travers les temps...
Aujourd'hui, dans cette époque transitoire,
au début d'une ère de conscience nouvelle,
plusieurs hommes et femmes ressentent que quelque chose manque à cette vie dans laquelle nous avons été plongés.
En effet, ce qui manque est la partie sans forme, qui se trouve derrière la forme.
Notre attention est focalisée principalement dans le monde de la forme. Nous pouvons facilement y observer un plan matériel (des objets, des événements) ainsi qu'un plan émotif et mental. Nous pouvons remarquer que tout ce qui est perçu ou ressenti est interprété par l'intellect. Une pensée qui constate ce qui a été vécu ou perçu fait alors surface. Cette pensée fait aussi partie du monde de la forme.
La pensée n'est jamais sans forme. Pour qu'une pensée ait un sens, elle doit être associée à une forme d'image ou de schema conceptuel. Elle doit être reliée à une mémoire quelconque. Essayez d'avoir une pensée sans mots qui apparaissent... pas évident ! C'est parce que la pensée apparaît à travers le langage. Nous savons bien que le langage utilise des mots, qui ont une association avec une forme quelconque - un objet, une action, etc. Donc, toute pensée est une fabrication de la forme. Sans forme, pas de pensées!
Le monde de la forme inclut donc toutes les pensées. Ces pensées nous reflètent la perception d'objets, d'événements, d'émotions, ou de toutes autres formes abstraites... même la pensée elle-même!
Et nous vivons principalement au niveau de la pensée. Cette pensée est en fait une pensée-forme, où la forme est l'image retenue de l'expérience. Nous remarquons que nous ne sommes donc plus dans l'expérience de la perception première, mais dans la réflexion de celle-ci dans une pensée. Autrement dit, nous vivons au niveau d'une impression résultant de la situation perçue ou ressentie.
Depuis notre jeune âge, nous avons appris à focuser toute notre attention sur cette impression qui se propose. Cette pensée-forme contient l'interprétation de nous-même en train de percevoir et de ressentir des choses, en train de vivre une expérience.
Mais notre attention étant constamment dirigée vers ces pensées-formes, nous avons perdu conscience de l'esprit que nous sommes, du ''moi'' réel derrière la pensée, derrière la forme.
Nous avons perdu conscience de l'émotion réelle, de l'élan, du mouvement de vie de l'esprit derrière la forme.
Ces formes, ces impressions n'ont pu nous offrir qu'une vision médiocre de la vie réelle derrière la forme.
La perception réelle de la vie que nous sommes
fut superposée par une perception fausse.
Chaque fois que nous percevons, une interprétation quasi-immédiate s'impose, nous laissant avec l'impression d'un ''moi'' qui perçoit ''quelque chose''. Immédiatement, il y a séparation.
Toujours le sujet, ''moi'', relativement à ''autre chose'', qui est l'objet perçu.
Cette impression illusoire de séparation se reflète même dans le langage, où les phrases sont composées d'un sujet, d'une action et d'un objet.
Notre vie, notre banque de connaissances repose largement sur le langage.
Une séparation sous-entendue se propage à travers le langage chaque fois qu'on dit:
je, tu , ils, moi, eux, ceci, celà...
Et combien de fois avons-nous répété, renforcé l'impression de séparation !
Le langage est une matérialisation de l'intellect, et donc aura les mêmes limites que l'intellect. C'est pourquoi le langage devra être dépassé.
Il est nécessaire de reconnaître les limites du langage, de savoir que derrière le ''je'' qui nous est familier, se trouve un autre ''je'' qui n'est séparé de rien, qui est la vie derrière toutes les impressions qui ne font qu'apparaître.
Le ''je'' que nous sommes réellement n'est pas lié aux impressions. Il provient d'un espace au-delà de la forme, au-delà de l'impression d'un temps. Il n'est pas affectable par le temps. Il ne dégénère pas. Il ne gagne pas, il ne perd pas.
Ce ''je'' n'est pas intellectuellement descriptible ou explicable. Donc, le langage et les mots ne peuvent être utlilsés que comme outils pour exprimer une approximation de cet espace, de cette vie que nous sommes.
Les mots ne nous diront pas qui nous sommes réellement, mais ils peuvent montrer une fenêtre, une ouverture à nous-même, que nous avions ignorée.
Les mots pointent vers un autre lieu, vers l'espace sacré d'où la vie est sue. Mais pour voir par la fenêtre qui ouvre sur cet espace, il est nécessaire de ressentir la résonnance de ce qui est dit en mots. Il est nécessaire de ressentir la vibration derrière les mots. Et de se laisser transporter par elle.
La vibration, qui émane à travers les mots, est la résonnance de l'espace où réside l'esprit que vous êtes, du lieu qui est votre ''chez moi'' réel.
La vibration devient de plus en plus familière, au fur et à mesure qu'elle prend place en vous.
Lorsque l'impression du ''moi'' tombe, une place se fait disponible pour que votre esprit, votre vie réelle se révèle à vous.
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